Amour d'enfance
Quand Roxane, 12 ans, parle de son amoureux, ses yeux s'illuminent. Elle rit timidement et rougit. «Ça dure depuis trois mois. On n'est pas dans la même classe, mais on se voit tous les jours à la récréation. Il habite loin, c'est dommage.»
Les enfants peuvent-ils être amoureux dès l'école primaire? Étonnamment, le terrain des amours enfantines demeure peu exploré, peu documenté. Plusieurs adultes sont sceptiques et préfèrent parler de béguin ou d'amourette. Au début février,
«Quand je suis amoureuse, j'ai des papillons dans le ventre, raconte Victoria, 10 ans. On dirait que je ne suis plus moi-même, que je change. Je fais des efforts pour plaire à l'autre, aimer ce qu'il aime, comme le football.»
Chez les 9-10 ans, 77% des garçons ont déjà été amoureux, contre 82% des filles. C'est ce que révèle le psychosociologue Francesco Alberoni, auteur du livre Le premier amour (Plon, 1999). Professeur à l'Université de Milan, il a recueilli des données sur l'amour auprès de 500 enfants âgés de 8 à 12 ans. «L'enfant ne fait pas la moindre confusion entre amitié et amour, écrit-il. Ce qui prime lorsqu'on tombe amoureux, c'est le désir d'union, l'amour qu'on porte à l'aimé, la fidélité, le fait de penser à lui, de le préférer à tous les autres.»
«C'est plus fort que nous. Une fille nous plaît soudainement, mais on ne peut expliquer pourquoi», dit Emile Antoine, 11 ans. «Quand tu es en amour, tu as toujours la personne dans la tête, ajoute Audrey T., 11 ans. Tu rêves à lui tout le temps, tu es dans la lune.»
«Les enfants ont eux aussi la capacité de se voir aimant et aimé, soutient Vincent Paris, professeur de sociologie au cégep Saint-Laurent et auteur d'un article sur les liens intimes dans la revue de recherche française Dialogue. Ils peuvent vivre des histoires d'amour, qu'elles soient heureuses, gratifiantes, tristes ou pénibles, et en faire le récit. Le phénomène est assurément plus fréquent aujourd'hui qu'il y a quelques décennies.» Est-on amoureux plus jeune qu'avant? «Pas forcément», nous disent les spécialistes interrogés.
Selon la sexologue Jocelyne Robert, «il est tout à fait possible d'être amoureux quand on est enfant». Elle se rappelle avoir rencontré, à la maternelle, des couples inséparables. «L'amour survient souvent lors d'une transition qui vient bouleverser les habitudes, comme des vacances ou un changement d'école, dit-elle. L'enfant est alors plus ouvert aux autres et plus vulnérable.»
Un peu maladroits, ils échangent des regards dans le couloir, se taquinent et se transmettent des billets doux en classe. «Quand le prof les intercepte, ça peut être assez gênant!» lance Katherine, 11 ans. «Je préfère le courriel, c'est plus facile», dit James, 11 ans. «On va sur MSN, on utilise
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