Littérature et poésie
Puisque j'ai mis ma lèvre.
Victor Hugo pour sa fille.
(1802-1885)
Puisque j'ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine ;
Puisque j'ai dans tes mains posé mon front pâli ;
Puisque j'ai respiré parfois la douce haleine
De ton âme, parfum dans l'ombre enseveli ;
Puisqu'il me fut donné de t'entendre me dire
Les mots où se répand le cœur mystérieux ;
Puisque j'ai vu pleurer, puisque j'ai vu sourire
Ta bouche sur ma bouche et tes yeux sur mes yeux…
Je puis maintenant dire aux rapides années :
Passez ! Passez toujours ! Je n'ai plus à vieillir !
Allez-vous-en avec vos fleurs toutes fanées ;
j'ai dans l'âme une fleur que nul ne peut cueillir !
Votre aile en le heurtant ne fera rien répandre
du vase où je m'abreuve et que j'ai bien rempli.
Mon âme a plus de feu que vous n'avez de cendre !
Mon cœur a plus d'amour que vous n'avez d'oubli !
A une mendiante rousse
A une mendiante rousse
Blanche fille aux cheveux roux,
Dont la robe par ses trous
Laisse voir la pauvreté
Et la beauté,
Pour moi, poète chétif,
Ton jeune corps maladif,
Plein de taches de rousseur,
A sa douceur.
Tu portes plus galamment
Qu'une reine de roman
Ses cothurnes de velours
Tes sabots lourds.
Au lieu d'un haillon trop court,
Qu'un superbe habit de cour
Traîne à plis bruyants et longs
Sur tes talons ;
En place de bas troués,
Que pour les yeux des roués
Sur ta jambe un poignard d'or
Reluise encor ;
Que des noeuds mal attachés
Dévoilent pour nos péchés
Tes deux beaux seins, radieux
Comme des yeux ;
Que pour te déshabiller
Tes bras se fassent prier
Et chassent à coups mutins
Les doigts lutins,
Perles de la plus belle eau,
Sonnets de maître Belleau
Par tes galants mis aux fers
Sans cesse offerts,
Valetaille de rimeurs
Te dédiant leurs primeurs
Et contemplant ton soulier
Sous l'escalier,
Maint page épris du hasard,
Maint seigneur et maint Ronsard
Épieraient pour le déduit
Ton frais réduit !
Tu compterais dans tes lits
Plus de baisers que de lis
Et rangerais sous tes lois
Plus d'un Valois !
- Cependant tu vas gueusant
Quelque vieux débris gisant
Au seuil de quelque Four
De carrefour ;
Tu vas lorgnant en dessous
Des bijoux de vingt-neuf sous
Dont je ne puis, oh ! Pardon !
Te faire don.
Va donc ! Sans autre ornement,
Parfum, perles, diamant,
Que ta maigre nudité,
Ô ma beauté !
Avec son oeil, il a écrit ce livre
Jean-Dominique Bauby, journaliste, rédacteur en chef du magazine féminin Elle, père de deux enfants, est victime en décembre 1995, d'un locked-in syndrom, conséquence d'un accident cardio-vasculaire. Prisonnier de son scaphandre, il est hospitalisé à 44 ans, à l'Hôpital Maritime de Berck. Mais son esprit reste libre comme un papillon et lui permet avec le seul moyen de communication qui lui reste, les mouvements de sa paupière gauche, d'écrire, avec l'aide d'une orthophoniste, ce témoignage bouleversant d'un monde ou il ne reste rien qu'un esprit à l'œuvre. Ce livre est un long travail de patience. Ainsi a-t-il dicté lettre à lettre, par le clignement de son œil gauche, ce livre bouleversant d'humour pudique, de sincérité et d'intelligence. Cet œil, le gauche, a été son lien avec le monde, avec les autres, avec la vie. Pendant un an et demi, il mena une existence de grand handicapé selon les uns, de mutant selon lui. Avec son oeil, il cligne une fois pour dire oui, deux fois pour dire non. Avec son oeil, il arrête l'attention de son visiteur sur les lettres de l'alphabet qu'on lui dicte et forme des mots, des phrases, des pages entières...
Avec son oeil, il a écrit ce livre : chaque matin, pendant des semaines, il en a mémorisé les pages avant de les dicter, puis de les corriger. L'esprit est tour à tour sarcastique et désenchanté, d'une intensité qui serre le cœur. Voici un livre tendre, ironique, un regard venu de très loin, intense et beau. Quand on n'a plus que les mots, aucun mot n'est de trop... Peu de temps après la parution de son livre, le 9 mars
Quelques mots du prologue :
"Derrière le rideau de toile mitée une clarté laiteuse annonce l'approche du petit matin. J'ai mal aux talons, la tête comme une enclume, et une sorte de scaphandre qui m'enserre tout le corps. Ma chambre sort doucement de la pénombre. Je regarde en détails les photo des être chers, les dessins d'enfants, les affiches, le petit cycliste en fer-blanc envoyé par un copain la veille de Paris-Roubaix, et la potence qui surplombe le lit où je suis incrusté depuis six mois comme un bernard-l'ermite sur son rocher. Pas besoin de réfléchir longtemps pour savoir où je suis et me rappeler que ma vie a basculé le vendredi 8 décembre de l'an passé (...)".
Bouillon de poulet pour l'âme
Il était une fois un petit garçon qui voulait rencontrer Dieu. Comme il savait que ce serait un long voyage pour se rendre à Sa maison, il remplit sa valise de bonbons et de six bouteilles de limonade, et il se mit en route.
Trois pâtés de maisons plus loin, il vit une vieille dame. Assise dans le parc, elle fixait quelques pigeons. Le garçon s'assit près d'elle et ouvrir sa valise. Il s'apprêtait à prendre une limonade lorsqu'il remarqua l'air affamé de la vieille dame. Il lui offrit donc un bonbon. Elle accepta avec reconnaissance et lui sourit. Son sourire était si joli que le garçon voulut le voir encore. Il lui offrit donc une limonade. Elle lui sourit de nouveau. Le garçon était ravi !
Ils restèrent ainsi tout l'après-midi à manger et à sourire, sans dire un seul mot.
Lorsque le soir tomba, le garçon se rendit compte qu'il était très fatigué et se leva pour partir. Cependant, au bout de quelques pas à peine, il se retourna, courut vers la vieille dame et la serra dans ses bras. Elle lui fit alors son plus beau sourire.
Peu de temps après, lorsque le garçon franchit la porte de sa maison, son regard joyeux étonna sa mère.
Elle lui demanda : «Qu'as-tu fait aujourd'hui qui te rend si heureux ?»
Il répondit : «J'ai déjeuné avec Dieu». Mais avant que sa mère puisse répondre, il ajouta : «Tu sais, elle a le plus merveilleux des sourires !»
Entre-temps, la vieille dame, rayonnante de joie elle aussi, retourna chez elle.
Frappé de l'expression paisible qu'elle arborait, son fils lui demanda : «Mère, qu'as-tu fait aujourd'hui qui te rende si heureuse ?»
Elle répondit : «Au parc, j'ai mangé des bonbons avec Dieu». Mais avant que son fils puisse répondre, elle ajouta : «Tu sais, il est beaucoup plus jeune que je ne le croyais».
Julie A. Manhan
Bouillon de poulet pour l'âme 3
Charles Perrault.
Charles Perrault naît à Paris le 12 janvier 1628 d'un père avocat au parlement de Paris. Il est le dernier d'une famille de sept enfants dont quatre frères aînés. Il entre au collège de Beauvais et mène de brillantes études. Licencié en droit, il devient avocat au barreau de Paris en 1651. Il suivra une double carrière, littéraire et politique.
Charles Perrault se fait remarquer par des poésies galantes et des écrits précieux. Vers 1660, il écrit des poèmes intitulés Le Miroir ou la métamorphose d'Orante et
De 1654 à 1664, il devient commis dans l'administration de
Il est élu en 1671 à l'Académie française, où il est l'initiateur et le principal protagoniste de la fameuse querelle des Anciens et des Modernes.
L'académicien meurt à Paris, à l'âge de 75 ans, le 16 mai 1703.
Les contes les plus célèbres de Charles Perrault sont :
La Barbe Bleue ou Barbe-bleue
La belle au bois dormant
Cendrillon ou la petite pantoufle de vair
Les Fées
Le Maître chat ou le chat botté
Le petit chaperon rouge
Le petit poucet
Riquet à la houppe
Les Souhaits
Peau d'âne