la métamorphose du papillon

la métamorphose du papillon

Les mots

 

Avant de les écrire, flairer leur sillon, découvrir leur veine, les rapprocher d'une idée.

C’est un travail de méditation.
Créer surtout la vacuité mentale nécessaire pour qu’ils puissent apparaître.
Puis, une fois sortis de l’ombre, leur donner un son, une aura, les incarner en lettres.
Vient alors le travail de l’artisan.
Les observer, les retourner, les peser, les comparer, les assembler, examiner leur surcharge ou leur insignifiance, arriver au « bon mot ».
A ce stade souvent, peut surgir le doute...car on sait qu’entre deux mots, il faudra choisir le moindre ! Pas de mot en trop ni de mot de travers, surtout pas.
Alors on taille, on cisèle, on creuse le sens encore plus loin mais au plus près de l’idée. Ami dictionnaire toujours à portée de main bien sûr.
Soudain, un grand risque ; celui de changer le sens des mots, en jouant sur leur musique, en y ajoutant une idée nouvelle, sous-jacente, qui va au final détourner la première, ou mieux, faire résonner les deux en même temps. La jouissance n’est pas loin, on torpille, on surf à contresens, on touche le contre-ut !
Pauvre lecteur s’il n’adhère pas au concert...On pense à lui, souvent on calme le jeu.
L’essentiel étant de sortir chaque mot de son ventre et des fois, oui, ça fait mal.
Mais quand il est né, le divin mot, imaginez la contemplation, l’amour qu’on lui porte.
Jouez hautbois, résonnez musettes...oui, c’est la joie!
« Le mot est un être vivant » disait Hugo. Et pour cause, il vibre, il respire, il rit, il pleure, il crie, il apaise, il encourage, il tue parfois aussi.
Rarement, il parle pour ne rien dire car dans l’ensemble, il assume bien son pouvoir.
Léger, tremblant, ailé, modulé, il déploie des forces insoupçonnées, engendre des pensées, galvanise les foules, conduit les révolutions...
Grand magicien, passant de l’âme, il nous ouvre les portes de la Connaissance. Les choses, le monde, soi...
Le mot de la fin, lui, est un grand seigneur. Il pose la dernière touche, allume le bâton d’encens. Il fait son chemin...

Mes derniers mots à moi, sur cette aventure de blog, à la manière de Shakespeare...

 

Polonius : Que lisez-vous Monseigneur ?
Hamlet : Des mots, des mots, des mots.



24/07/2008
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