la métamorphose du papillon

la métamorphose du papillon

Le lys dans la vallée.

Honoré de Balzac:"Le lys dans la vallée."

 

http://delpiano.club.fr/Balzac.htm

http://www.trekearth.com/gallery/photo339486.htm

http://www.37-online.net/histoire/personnes/balzac.html

http://www.biographie.net/Honoré-de-Balzac

http://fr.wikipedia.org/wiki/Honor%C3%A9_de_Balzac

 

 

Le Lys dans la vallée est un roman d'Honoré de Balzac de La Comédie humaine paru en 1836.

L'invention géniale de Balzac, c'est la réapparition de ses personnages d'une oeuvre à l'autre. Ce procédé typique du roman populaire, avec un autre qui est le récit d'une famille à travers différentes époques est un défi pour l'écrivain, défi qu'il relève avec panache.

Balzac use et abuse de métaphores et comparaisons pour s'approcher du poème lyrique, il réalise ainsi une ode au sentiment amoureux.

 

 

« Les femmes les plus vertueuses ont en elles quelque chose qui n'est jamais chaste » écrivait Balzac dès « La Physiologie du mariage » en1829.

 

 

Extrait :

 

Puis tout à coup je rencontrai la femme qui devait aiguillonner sans cesse mes ambitieux désirs, et les combler en me jetant au coeur de la Royauté.

Trop timide pour inviter une danseuse, et craignant d'ailleurs de brouiller les figures, je devins naturellement très grimaud et ne sachant que faire de ma personne.

Au moment où je souffrais du malaise causé par le piétinement auquel nous oblige une foule, un officier marcha sur mes pieds gonflés autant par la compression du cuir que par la chaleur. Ce dernier ennui me dégoûta de la fête.

 Il était impossible de sortir, je me réfugiai dans un coin au bout d'une banquette abandonnée, où je restai les yeux fixes, immobiles et boudeurs. Trompée par ma chétive apparence, une femme me prit pour un enfant prêt à s'endormir en attendant le bon plaisir de sa mère, et se posa près de moi par un mouvement d'oiseau qui s'abat sur son nid.

Aussitôt je sentis un parfum de femme qui brilla dans mon âme comme y brilla depuis la poésie orientale.

Je regardai ma voisine, et fus plus ébloui par elle que je ne l'avais été par la fête; elle devint toute ma fête.

Si vous avez bien compris ma vie antérieure, vous devinerez les sentiments qui sourdirent en mon coeur.

Je sentis alors le ridicule de ma position; alors seulement je compris que j'étais fagoté comme le singe d'un Savoyard.

J'eus honte de moi. Je restai tout hébété, savourant la pomme que je venais de voler, gardant sur mes lèvres la chaleur de ce sang que j'avais aspiré, ne me repentant de rien, et suivant du regard cette femme descendue des cieux.

Saisi par le premier accès charnel de la grande fièvre du coeur, j'errai dans le bal devenu désert, sans pouvoir y retrouver mon inconnue.

Je revins me coucher métamorphosé.

Mes yeux furent tout à coup frappés par de blanches épaules rebondies sur lesquelles j'aurais voulu pouvoir me rouler, des épaules légèrement rosées qui semblaient rougir comme si elles se trouvaient nues pour la première fois, de pudiques épaules qui avaient une âme, et dont la peau satinée éclatait à la lumière comme un tissu de soie.

Ces épaules étaient partagées par une raie, le long de laquelle coula mon regard, plus hardi que ma main.

Je me haussai tout palpitant pour voir le corsage et fus complètement fasciné par une gorge chastement couverte d'une gaze, mais dont les globes azurés et d'une rondeur parfaite étaient douillettement couchés dans des flots de dentelle.

Les plus légers détails de cette tête furent des amorces qui réveillèrent en moi des jouissances infinies: le brillant des cheveux lissés au-dessus d'un cou velouté comme celui d'une petite fille, les lignes blanches que le peigne y avait dessinées et où mon imagination courut comme en de frais sentiers, tout me fit perdre l'esprit.

Après m'être assuré que personne ne me voyait, je me plongeai dans ce dos comme un enfant qui se jette dans le sein de sa mère, et je baisai toutes ces épaules en y roulant ma tête.

Cette femme poussa un cri perçant, que la musique empêcha d'entendre; elle se retourna, me vit et me dit: "Monsieur?" Ah! Si elle avait dit: "Mon petit bonhomme, qu'est-ce qui vous prend donc?" je l'aurais tuée peut-être mais à ce monsieur! Des larmes chaudes jaillirent de mes yeux.

Je fus pétrifié par un regard animé d'une sainte colère, par une tête sublime couronnée d'un diadème de cheveux cendrés, en harmonie avec ce dos d'amour.

Le pourpre de la pudeur offensée étincela sur son visage que désarmait déjà le pardon de la femme qui comprend une frénésie quand elle en est le principe, et devine des adorations infinies dans les larmes du repentir.

Elle s'en alla par un mouvement de reine.

 

 

 

 

 



04/04/2009
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